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Les nouveaux espaces de travail de la R&D| Étude

Matières Premières (emilieu studio) et Lab27 (Natalia Bobadilla) ont été commandités par Cime-Innovation, pour mener une étude sur les mutations profondes que connaissent actuellement les environnements de travail de la R&D. Nous avons choisi une méthodologie unique associant Science du design d’espace et science de gestion pour déployer cette étude

Commanditaire : Cime-Innovation

Lieu : France

Dates : En cours

Lieux : France

Budget : -K€

Mission :

Établissement d’un état des connaissances dans la recherche en sciences humaines et des organisations à propos des espaces de travail.

Recherche qualitative en architecture d’intérieur sur les nouveaux espaces de travail :  étude de cas sur 4 entreprises (CNES, CEA, Jaguar Corporation, Sony CSL) afin de créer diagnostics et connaissances sur les espaces de travail et leurs usages.

Édition d’un ouvrage compilant et documentant la recherche effectuée.

Parmi les différentes ressources disponibles au sein d’une organisation, l’espace (physique et numérique) est souvent sous-estimé alors qu’il s’agit d’une ressource-clé. 

Les défis continus de l’innovation demandent aux entreprises d’adopter des démarches réflexives et de transformations régulières. Ces dernières années, les espaces de travail et de création se sont modifiés drastiquement à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation. L’innovation ouverte, le flex office, les fab-labs, les tiers-lieux, hacker spaces, living labs… sont venus transformer le paysage et l’espace où se déroulent les activités de création et d’innovation. 

Cependant, les capacités de ces espaces à favoriser la créativité et l’innovation restent mitigées. De plus, les politiques d’innovation poussent à faire vite et tombent souvent dans certains clichés qui tendent à favoriser la reproduction de modèles d’espaces de travail parfois inadaptés au contexte de recherche de l’entreprise.

L’urgence à se saisir du sujet de la mutation des espaces de travail, et de l’implication du numérique dans ces mutations, a été accélérée par la crise COVID-19 et son impact sur les méthodes de travail, d’innovation et de management. Ce dernier implique une transformation profonde des espaces et de la géographie du travail, dans un contexte où espace physique et numérique avaient déjà commencé à s’hybrider.


Malgré les avancées de la recherche sur la créativité, le rôle de l’ambiance dans le processus créatif n’a pas été étudié en profondeur. Cette recherche multidisciplinaire (gestion-conception) montre que les processus créatifs sont stimulés par des paramètres physiques et organisationnels. Sur la base de quatre études (SoundLab, Atome, Galaxie et Panter), d’observations in situ et de 51 entretiens semi-structurés avec des travailleurs de la connaissance et de la création dans des organisations axées sur la R&D en France, cette étude montre que la relation entre les ambiances et la créativité est complexe et repose sur deux facteurs clés : l’attention et l’affect.

Premièrement, certains environnements physiques peuvent être des ‘voleurs’ d’attention. Les ambiances organisationnelles, si elles sont perçues comme négatives, peuvent entraîner un manque d’attention et parfois une fixation. La fixation fait référence au manque de réussite de diverses activités cognitives telles que la mémoire, la résolution de problèmes et la pensée créative. Cela peut être dû, par exemple, à une ambiance physique où les employés sont exposés à des bruits répétitifs et à un cadre quotidien avec des niveaux élevés de tension, entravant l’imagination et la créativité.

Deuxièmement, les états affectifs sont un facteur important dans la détermination de la créativité. Même si les ambiances sont difficiles à décrire, la tonalité affective d’un espace peut contribuer (ou non) au bien-être personnel. Par exemple, travailler dans un environnement organisationnel stressant réduit le bien-être général des employés. En effet, l’ambiance peut exercer une forte influence sur l’état mental et les émotions des personnes, ainsi que sur la manière dont les employés collaborent, interagissent et, par conséquent, vivent le processus créatif tant individuellement que dans un contexte de groupe.

Cette étude souligne en outre que l’échelle et l’emplacement de l’espace de travail sont des facteurs déterminants pour mieux comprendre les modèles créatifs et qu’il est essentiel de disposer d’une gamme diversifiée d’espaces pour stimuler la pensée créative. Ils peuvent garantir aux personnes une certaine liberté de mouvement, un changement de posture, tous bénéfiques pour la créativité. En effet, la dimension corporelle au travail et comment et où les employés interagissent socialement peuvent influencer la pensée innovante. Dans la lignée de ce dernier point, cette étude montre également que le télétravail peut être un frein à la créativité et à la performance du groupe.

À partir de ces constats, l’étude propose les pratiques suivantes pour assurer une plus grande créativité et innovation dans les organisations :

– Promouvoir des espaces de recherche « en réseau » et créer des « espaces intermédiaires »

– Repenser le télétravail par rapport à l’activité, au cycle de vie du projet et à l’empreinte carbone

– Développer des espaces multi-usages, laissant aux employés la liberté de savoir comment et quand les utiliser

– Repenser le potentiel des espaces d’accueil

– Concevoir des outils de médiation et de communication renouvelables

– Faire attention à la température, à la lumière et à l’acoustique

– Éviter l’uniformité des ambiances grâce à des équipements standardisés

– Réaliser systématiquement des diagnostics d’usage et des expérimentations